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Photo du rédacteurSophia

Ceux qui partent trop tôt… Quand la mort est un choix.

Choisir de mourir ou choisir la mort pour un autre être humain, c’est tenir un sacré pouvoir entre les mains.
main avec fruits

La mort est un mystère aussi grand que la vie. Pourtant, l’un ne va pas sans l’autre. On oublie parfois de voir que c’est un cycle sans fin. Que la vie amène à la mort et la mort mène à la renaissance. Que tout se transforme, constamment. C’est un cycle.


Côtoyer la mort de près me pousse à voir la vie différemment. Que tout est impermanent. Que rien ne dure.


Je crois que c’est une réalité en soi qui est très difficile à intégrer pour nous les êtres humains, qui cherchons sans cesse une sécurité, une stabilité. Nous nous attachons aux choses, aux êtres vivants, aux situations.


Nous en faisons notre individualité. En oubliant qu’aucune d’elles ne nous définit en tant que personne.


Lorsque nous perdons un être cher, nous avons l’impression de perdre un morceau de notre âme.
pied dans le sable

Quand est-ce qu’on sait si c’est le moment de lâcher-prise ? Et comment on peut connaître réellement le degré de souffrance d’une personne ou, même, d’un animal ?


Dans les derniers mois, j’ai perdu un proche. Un jeune de 17 ans a choisi la mort. Quelques jours plus tard, une de mes poules est morte dans mes bras. Et peu de temps après, j’ai amené mon chat se faire euthanasier; il s’est aussi envolé dans mes bras.


Toutes ces morts me ramènent à l’essentiel, la base, les priorités, et surtout, la réalité de la vie. Elle n’est pas garantie. Elle est un cadeau.


Je vous dévoile ici que c’est la toute première fois de ma vie que je le ressens avec cette intensité.


L’envie de mourir est quelque chose qui m’habite depuis très jeune. C’est un combat depuis longtemps.


Aujourd’hui, c’est moins présent mais, à l’occasion, cette idée que la mort est une bien meilleure issue que la vie me traverse l’esprit. Je crois être placée pour comprendre ceux qui décident de passer à l’action.


C’est vraiment fort comme sensation. Et, en même temps, c’est tellement serein. C’est que c’est un grand lâcher-prise. C’est abdiquer devant l’immensité de la souffrance.


Pourquoi certains passent à l’action et d’autres non ?
personne a la mer

Pour ma part, ce n’est pas tant que je choisisse la vie.


C’est plutôt que je choisisse de remettre ma vie entre les mains d’une puissance supérieure. À elle revient de décider si j’ai encore des choses à accomplir dans cette vie.


Je ne passe pas à l’acte.

Je continue de marcher, même dans la souffrance.


Et puis, ces envies de mourir s’estompent, la vie me fait sourire et de beaux moments se présentent à nouveau.


Évidemment que je pense aux personnes que je laisse derrière si je choisis de mettre un terme à ma vie. À certains moments, ça me fait très mal d’y penser, ça me ramène. À d’autre moments, ça me rend indifférente. Je me dis même que ça ne changera pas grand-chose. Ou encore, que ça les libérera de ma présence, de ma souffrance. Aussi cruel que ça semble, c’est quand même ça.


Qu’est-ce qui fait que je suis encore là à vous transmettre ces mots ? Je n’ai pas d’explications rationnelles à vous donner.


Parce que, même si j’ai fait de la thérapie, pris de la médication, cessé de consommer des drogues, que je suis bien entourée par des personnes bienveillantes qui m’aiment, ces idées reviennent me visiter à un moment ou à un autre.


Au fil du temps, j’ai développé plusieurs outils pour gérer ces idées quand elles se présentent. Mais encore faut-il que je m’en serve.


Non, réellement, ce qui m’empêche de passer à l’action, de commettre un suicide, c’est ma foi.
grand arbre

C’est ma foi en quelque chose de plus puissant que moi, qui est bien présent dans ma vie et qui veut mon bien.


Alors dans les moments de crises existentielles où je ne vois plus de raisons de continuer à vivre, je me tourne vers cette puissance.


Au lieu de planifier comment mettre fin à ma vie, je m’exprime librement à Dieu. Je pleure, je crie, je m’apitoie sur mon sort, je lui demande de venir me chercher, je nomme comment je trouve ça difficile, j’exprime mes questionnements.


Oui, je pourrais aussi m’ouvrir à un être humain, une amie, une thérapeute. Ce que je fais souvent, après. Mais d’abord, j’ai besoin de vivre intensément ce que je ressens, sans jugement.


Parfois, les êtres humains, ils ont le jugement et le conseil facile. Surtout avec ce sujet sensible. Très peu sont capables d’un accueil et d’une écoute bienveillante.


Mais celui que j’appelle Dieu, il est toujours présent, toujours disponible et sans jugement pour me recevoir et je considère que c’est le seul qui peut vraiment m’aider à m’en sortir dans ces moments-là.


Au fond, c’est surement moi qui ne suis pas du tout ouverte à recevoir les opinions et les jugements des autres…


Choisir d’abdiquer, autrement.
femme avec des ailes

Et puis, la crise passe.


Je réussi à me calmer, à l’aide de la musique, d’une activité physique intense, de quelques pages d’écriture et de méditation, je suis prête à revenir doucement vers le monde.


À ce moment, je prends le téléphone et j’appelle une personne de confiance pour discuter de ce qui se passe.


Parce que derrière chaque crise, il y a un déclencheur ou une accumulation de situations et d’émotions non traitées. Et pour les voir et en prendre soin, j’ai besoin des autres.


Donc, le lâcher-prise que certains manifestent dans un geste de suicide, je le réalise différemment. Parce qu’à la suite de toutes ces étapes se trouve un réel relâchement, un calme, un abandon envers les choses et évènements que je ne contrôle pas.


Et là, je ressens la paix, la sérénité, pour un certain temps.


Pourtant, en toute humilité, il n’y a aucune garantie que ça se passe toujours ainsi.


Je reste vigilante.
personne et montagnes

Je me dois de prendre soin de ma santé mentale autant que possible.


C’est pourquoi j’aborde le sujet ici, aujourd’hui.


Trop de gens souffrent en silence et convoitent l’idée de cesser d’exister à un moment ou à un autre. Et pour certains c’est très fréquent.


C’est un sujet qui mérite qu’on s’y attarde sans s’alarmer. C'est d'ailleurs ce qui m’empêche de m’ouvrir sur ces pensées qui m’habitent.


Je ne dis pas que ça ne doit pas être pris au sérieux, je dis seulement qu’avoir des idées noires est bien plus commun qu’on ne le pense et que d’en parler sans se faire condamner peut vraiment être aidant pour la personne qui souffre.


De toute évidence, il y a des personnes qualifiées pour prendre en charge les personnes qui vivent avec ces pensées. Et il ne faut pas hésiter à se tourner vers les professionnels pour parler. Mais il y a aussi la communauté. Ceux qui sont proches de nous, qui nous entourent. Ceux-là aussi peuvent avoir un impact sur le degré d’ouverture de la personne concernée.


Ce n’est pas facile de parler de la mort, l’envie de mourir.
femme sur un arbre

Si je parle de mon point de vue personnel, ce que j’apprécie quand j’en parle à une amie c’est de recevoir de l’accueil et de l’écoute.


Juste ça. Pas de conseils.


Sauf si cette personne comprend exactement ce à quoi je fais référence et qu’elle a une expérience pertinente à me partager. Sinon, mieux vaut s’abstenir de commentaire.


Vous ne savez pas quoi dire ? Faites sentir que vous êtes là pour elle si elle a besoin de parler. Cette personne se sentira sûrement mieux d’avoir pu s’ouvrir sans pression, sans jugement.


Et puis, tout en délicatesse, si ce n’est pas déjà le cas, invitez cette personne à aller en parler à un professionnel de la santé (médecin, psychologue, thérapeute, psychiatre, groupe de soutien, etc.).


Finalement, le plus important est de trouver la meilleure façon possible de transmettre l’amour qu’on porte à cette personne.


Rien n’égale l’amour.


Un geste, une présence peut faire toute la différence.


Je tiens à mentionner que je ne suis pas une professionnelle, je partage seulement mon expérience et ce qui fonctionne pour moi.


Et vous savez, de me déposer ici, dans ce texte, sur ce sujet tabou et délicat, ça me fait un grand bien!


L’important, à mon avis, c’est de trouver une façon d’exprimer ces pensées, de ne pas les garder pour moi car elles risquent de prendre le dessus, de m’empoisonner.


Aujourd’hui, c’est le bout de chemin que je fais avec vous.


Certains comprendront, d’autres non. Mais, si mon texte peut encourager une personne à s’ouvrir et choisir la vie une journée de plus, c’est ce qui compte.


À mon humble avis, choisir la mort est un choix bien souvent réfléchi. Depuis trop longtemps. Et c’est un choix qui demande énormément de courage.


Sauf qu’entre avoir envie de mourir et faire le choix de s’enlever la vie, il y a place aux discussions. Alors, parlons-en.

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