Deux mamans. Deux bébés.
- Sophia
- 16 juin
- 6 min de lecture
Mon histoire avec l’insémination artisanale.

Vous avez été plusieurs à me la demander et plusieurs autres sans doute à vous questionner secrètement, n’osant pas demander de peur de paraître indiscrets.
En espérant en inspirer certaines et en éduquer d’autres, je vous raconte.
Je vous révèlerai seulement une partie de mon processus. Soyez conscients qu’il y a autant de façons de procéder qu’il y a de couples et, à mon avis, c’est un choix très personnel.
Pourquoi l’insémination artisanale et en quoi cela consiste ?
Voilà une question à laquelle j'aime bien répondre.
Le processus est tout simple. Il s’agit d’un don de sperme fait par une personne connue des parents. Le don est alors inséminé dans les minutes qui suivent dans le corps d’une des mamans.
Le donneur n’est pas forcément un ami ou une connaissance. Ça peut être un étranger qui a été choisi spécifiquement dans ce but.
Il n’y a pas de corps médical impliqué dans le processus. Il n'y a pas non plus d'échange d'argent pour le don de sperme.
C’est un processus qui se fait dans l’intimité d’une chambre à la maison ou à l’hôtel.
C’est, à mon avis, le processus qui se rapproche le plus d’une conception dite « naturelle ».
Donc… Mon histoire…

D’abord, vous devez savoir que raconter cette histoire me rend quelque peu émotive. Car, d’un côté, c’est une des plus belles histoires de ma vie et de l’autre c’en est une qui m’a amenée à vivre un gros deuil.
Lorsque j’ai décidé de fonder une famille, je ne me m’imaginais pas 3 ans plus tard vivre une séparation et naviguer dans une autre dimension, bien loin de la "norme" telle que je l'entendais, du concept de la famille.
Mais bon, ça c’est un autre sujet !
J’avais 27 ans quand mon horloge biologique s’est mise à sonner. C’était très fort, très présent, mais je ne sentais pas nécessairement l’urgence.
Pensant que ça prendrait sûrement quelques mois avant que ça fonctionne, nous avons décidé de débuter les essais.
Il n’y a pas eu de discussion au sujet de qui porterait l’enfant. Dans notre couple c’était clair. On était toutes les deux d’accord pour que ce soit moi qui le porte.
Nous avons alors fait une première tentative.
Deux femmes à la recherche d’un donneur.

Rien à voir avec les cliniques de fertilité où tu peux feuilleter un magazine avec des critères spécifiques contenant une banque de choix assez impressionnante.
Non. En mode « artisanal », on a plutôt droit à un site de rencontre où les gens désirants donner et ceux cherchant un donneur peuvent mettre une annonce. Et croyez moi, sur ce type de plateforme, il y a toute une gamme de personnages.
Les discussions sur les pour et les contre d’aller en clinique ou encore de prendre un donneur de notre entourage, on les a eues. À plusieurs reprises.
Il nous a fallu évaluer toutes les options qui s’offraient a nous. Et selon nos valeurs et nos souhaits, nous étions d’accord pour trouver un donneur inconnu en dehors d’une clinique de fertilité.
Même si l’abondance de choix n’était pas comparable.
Pour le premier essai, nous nous sommes quelque peu précipitées et avons pris un des premiers venus qui semblait faire l’affaire.
Ensuite, c’était la recherche de matériel pour l’insémination.
Deux femmes, à la recherche de seringues et contenants stériles.

Tout ce qu’il y a de plus normal, quoi !?
Je vous laisse imaginer la tête que faisaient les pharmaciens quand ils nous voyaient arriver avec nos demandes !
C’était un beau processus, agréable, léger, joyeux. On trouvait le moyen d’en rire !
10 jours plus tard, j’étais enceinte. WOW!
Je n’avais jamais imaginé que ça marcherait du premier coup. On dirait que tout d’un coup, je n’étais plus sûre.
Le premier trimestre a été très difficile, j’avais beaucoup de douleur et de fatigue.
Chose normale.
Et pourtant, un soir, j’ai commencé à saigner. Je savais ce que ça signifiait. Ce n’est pas toujours le cas, mais je le savais. J’étais en train de perdre le bébé. À 12 semaines précisément.
Cette expérience à été l’une des plus difficiles et extrêmement douloureuse, tant au niveau physique qu’émotionnel. Il m’a fallu un certain temps avant de me sentir prête à essayer de nouveau.
8 mois plus tard, on réessayait avec le même donneur. Ça n’a pas marché.
Ce qui m’a bien découragée. Alors j’ai voulu attendre encore.
J’ai laissé passer un an.
Je me suis mise à chercher un autre donneur.
Donc, à l’aide d’un nouveau donneur, s’en est suivi 2 essais infructueux. Et notre instinct nous soufflait de ne pas poursuivre avec lui. Nous avons suivi notre instinct.
Deux femmes à la recherche de la perle rare…

Il y a un nombre de facteurs à considérer pour trouver le bon match!
L’aspect physique bien sûr. L’aspect intellectuel. La façon de procéder pour faire les dons et l’insémination. Les tests pour les ITS et la génétique. Le mode de vie du donneur. La signature d’un contrat parental qui protège les parents autant que le donneur.
Et chacun de ces critères est bien personnel à chaque couple.
Pour que le projet se concrétise, il m’a fallu faire certaines concessions…
J’ai laissé tomber certains critères physiques. Au fond, ce n’est tellement pas ce qui compte. Et même si on choisit certains de ces critères, on a quand même aucune idée de ce à quoi ressemblera cet enfant.
Donc, finalement nous avons trouvé notre donneur qui correspondait à tous les autres critères, c’était l’important ! On allait faire avec !
Presque deux ans plus tard, je voulais définitivement porter la vie à nouveau dans mon ventre!

Alors, GO !
Ça s’est passé lors du deuxième essai. Je me souviendrai toujours de ce jour-là.
C’était le matin du 24 décembre. Mon corps me donnait les signes que c’était le moment de l’ovulation. Nous étions excitées!
Il faisait tellement beau ce jour-là ! Plutôt froid mais le soleil était puissant. Et il y avait quelque chose de magique dans l’air. C’était la veille de Noël!
Nous avons contacté le donneur et nous nous sommes rencontrés quelques heures plus tard. Nous avons procédé à l’insémination, comme une procédure de routine. Nous commencions à nous sentir bien à l’aise après plusieurs fois.
Mais je dois avouer que cette fois-ci n’était pas comme les autres. Je sentais que ça marcherait. C’était vraiment une belle journée! Le taux d’ocytocine(l’hormone de l’amour) était au top. Il y avait de l’amour dans l’air et nous étions sur le point de créer une famille.
Nous avons pris soin de ritualiser ce moment. Même si ça peut sembler très mécanique, il y a moyen d’inviter la magie à se manifester. C’est aussi et surtout ça, créer la vie.
Surtout, le jour de la veille de Noël !
Comme un miracle, 10 jours plus tard, je voyais clairement les deux barres s’afficher sur le test de grossesse.
Deux femmes.

Deux mamans. Deux bébés.
Ah non, des jumeaux, ce n’était pas voulu. Et ça arrive bien plus souvent qu’on le pense. Cela n’a rien à voir avec le procédé d’insémination artisanale.
Et non mes enfants n’ont pas de père. Ils ont deux mamans.
Tel que le spécifiait notre entente, nous avons communiqué à notre donneur que le don avait bien fonctionné et qu’il y avait deux bébés.
Nos contacts se sont arrêtés là. Pour nous, cette personne n’est seulement que le géniteur de nos enfants.
Ce donneur ne désirait d’aucune façon être engagé dans la vie de nos enfants et c’est aussi ce que nous souhaitions. Et avec son accord, ils pourront le rencontrer quand ils en feront la demande à un âge mature.
Je tiens à le répéter : ceci est mon histoire.
Je connais des couples qui ont voulu que le donneur soit présent et qu’il soit un papa dans la vie de l’enfant. TOUT est possible.
En conclusion, je me permets quelques conseils :

Évitez les questions du type :
« Mais comment vous avez fait !?»
« Qui est la vraie mère ? »
« Connaissez-vous le père ? »
« Est-ce que les jumeaux, c’était voulu ? »
Ne faites pas de suppositions, restez discret et respectueux dans les questions que vous posez. Parce que chaque parcours est différent !
Laissez les couples et parents vous raconter ce qu’ils veulent bien vous raconter.
Pour ma part, il me fait toujours plaisir de répondre aux questionnements et curiosités des gens. Et encore plus, pour celles qui souhaitent entreprendre leur propre parcours d’insémination.
Comments